Ombres et sculptures, mon travail d’atelier
Mon travail de création d'ombres et de sculptures s'inscrit dans une exploration des matériaux et des symboles en lien avec des thématiques sociales et politiques contemporaines. À travers deux séries de têtes en papier, je me penche sur les tensions entre fragilité et résistance, ainsi que sur les métamorphoses du matériau en résonance avec les récits qu'il accompagne.
La première série, inspirée des Motankas, poupées traditionnelles ukrainiennes, est destinée au spectacle Maïdan Inferno. Ces sculptures représentent les citoyens ukrainiens ayant participé à la révolution de Maïdan. En m'appuyant sur ce symbole culturel fort, je mets en avant l'importance de la tradition dans la réhabilitation des mouvements historiques et artistiques qui forgent l'identité de l'Ukraine indépendante. Le choix du papier, à l'esthétique cassante, souligne la fragilité des révolutionnaires face à une lutte incertaine, tout en rappelant leur résilience.
La deuxième série, réalisée en préparation du spectacle Les Larmes d'eau douce du dramaturge mexicain Jaime Chabaud, s'inscrit dans une réflexion sur les conséquences du manque d'eau. Lors de la fabrication, l'eau contenue dans les colles et le papier s'évapore progressivement, provoquant une déformation des sculptures sur plusieurs mois. Ce processus de transformation involontaire fait écho au propos dramaturgique, établissant une tension entre la matière et le discours sur la rareté de l'eau.
Mon travail sur les ombres, qui accompagne ces sculptures, ajoute une dimension supplémentaire à l'interprétation des œuvres. Mes ombres peuvent prendre des formes satiriques ou poétiques, exprimant des émotions subtiles ou exagérées. Elles deviennent parfois narratives, prolongeant l'histoire racontée par les sculptures, ou bien simplement expressives, traduisant la tension, la fragilité ou la force des personnages représentés. Ces ombres, en perpétuelle mutation, jouent avec les limites entre présence et absence, créant des images fugaces qui renforcent l'impact visuel et symbolique des œuvres.
Ces séries s’articulent autour de la transformation du matériau, qui devient un vecteur d’expression des thèmes centraux des spectacles.