Le poids des mots et la force des rêves :
Radovan Ivšić
Cycle de travail autour de l’oeuvre du poète d’origine croate naturalisé français Radovan Ivšić, que j’ai eu l’honneur de rencontrer dès 2004 jusqu’à son décès en 2009.
Lectures au CHRD, Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de la Ville de Lyon - 2013
Lectures extraite de l'oeuvre de Radovan Ivšić. Conception : Clément Peretjatko. Avec : Thomas Fitterer et Clément Peretjatko. Remerciement : Annie Le Brun
En partenariat avec le CHRD de la Ville de Lyon dans le cadre du week-end Musées Télérama.
PRENEZ-MOI TOUT MAIS LES RÊVES, JE NE VOUS LES DONNE PAS
Radovan Ivšić (1921-2009) n’a pas été, à proprement parler, engagé dans la résistance yougoslave, bien que le groupe théâtral, La Compagnie des Jeunes, dont il fut avec Vlado Habunek, un des initiateurs en 1939 à Zagreb, ait par la suite servi de couverture à un certain nombre d’actions clandestines lors de l’Occupation allemande.
Toutefois, dès 1942, son poème Narcisse, publié hors commerce, est saisi comme symbole de l’art décadent par le régime oustachi qui règne alors sur la Croatie. Quelques années plus tard, après la libération de la Yougoslavie et cette fois sous le régime communiste de Tito, mais au bout du compte, pour les mêmes raisons, son théâtre comme sa poésie, jugés non conformes aux injonctions du réalisme socialiste, vont être censurés ou systématiquement occultés. Alors qu’il quitte définitivement la Yougoslavie en 1956, c’est seulement vers les années 70 que les jeunes générations commencent à redécouvrir son œuvre.
« Prenez-moi tout, mais les rêves, je ne vous les donne pas ». Ce vers de la fin des années quarante éclaire l’attitude de Radovan Ivšić, « libre et solitaire mais relié aux autres par la force et la plénitude de son langage », comme le souligne Jean-Paul Goujon dans la préface à son théâtre. Intimement convaincu que le traitement de la langue est lié à celui que le pouvoir réserve aux êtres, il n’aura cessé, dans sa vie comme dans son œuvre, de miser sur l’essence libertaire de la poésie, venant illustrer la parole de Saint-John Perse : « Le poète est la mauvaise conscience du monde ».
Annie Le Brun
Année de la Croatie en France, Drugi Format - 2013 :
Participation à l’émission littéraire Drugi Format sur à Radovan Ivšić (en croate) aux côtés de Saedeta Midzic, commissaire générale croate de l’année de la Croatie en France.